Titre Précedent Suivant Sommaire Index | CXXIV. – Sous-marins. – Submersibles. – Progrès de la photographie. – Cartes du ciel. – Téléscopes énormes. – Microscope découvrant les microbes des maladies.

CXXIV. – Sous-marins. – Submersibles. – Progrès de la photographie. – Cartes du ciel. – Téléscopes énormes. – Microscope découvrant les microbes des maladies.

Que de larmes, de deuils, de séparations cruelles épargnés à l'humanité par le savant lorsqu'il trouve un remède aux maladies mortelles qui déciment les hommes ! En même temps, que de forces vives conservées à la patrie ! Trésors d'intelligence, d'héroïsme, que la mort, trop souvent, nous enlève.
– Mon jeune ami, dit le pilote Guillaume à Victor Gertal, vous le savez, je suis né au bord de la mer. Vingt-cinq ans de ma vie j'ai roulé sur tous les océans ; mais, depuis trente-trois ans que j'habite cette ferme, je n'ai vu ni une barque, ni une goutte d'eau salée. Pourtant j'ai bien aimé la mer et j'aurais grand plaisir à entendre parler des choses de la marine. Vous qui venez des colonies, racontez-nous un peu les nouveautés d'à présent en fait de bateaux et de navigation.
– Oui, oui, s'écrièrent à la fois Julien, André et Frantz ; nous aussi, nous serons ravis.
Victor répondit qu'il serait heureux de faire plaisir à ses hôtes ; mais avant, ajouta-t-il, laissez-moi aller chercher ma valise. Elle contient des dessins qui vous intéresseront.
Le repas était achevé, on se leva de table. Pendant que Victor s'éloignait et que les hommes s'approchaient du feu, les ménagères actives enlevèrent le couvert. Il y avait tant de jeunes marins alertes qu'assiettes, nappe, serviettes eurent bientôt disparu. Un coup de balai léger débarrassa des miettes.
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LE SUFFREN. – Les bateaux cuirassés sont ainsi appelés parce qu'ils ont une cuirasse en acier, sur laquelle les boulets glissent sans pouvoir s'enfoncer : ce sont comme des forteresses flottant sur l'eau. Le Suffren est un de nos plus beaux cuirassés. On lui a donné le nom de l'amiral Suffren, qui se distingua dans les Indes au XVIIIe siècle, à l'époque de la guerre d'Amérique. Les vaisseaux de premier rang ont trois pont et 120 canons. Notre flotte française, la plus forte d'Europe après celle de l'Angleterre, compte 74 vaisseaux à vapeur cuirassés, 60 navires à voiles, 40 torpilleurs, 226 navires à vapeur environ non cuirassés (croiseurs, avisos, canonnières, etc.).
Une fenêtre et la porte, ouvertes un instant, renouvelèrent l'air. Quand Victor rentra, il put étaler son carton sur la grande table.
Les tout jeunes enfants, les six derniers nés, gentiment vinrent dire bonsoir ; les mères les emmenèrent au lit. Les fillettes les plus raisonnables s'éclipsèrent pour aller laver la vaisselle et mettre de l'ordre dans la cuisine, bien décidées à revenir au plus vite avec leurs mères, afin d'écouter Victor Gertal. Pour l'instant, il ne resta plus que les hommes, les aînés des garçons et le petit Jean, qui, en qualité d'aspirant à la science, obtint de rester.
Victor aussitôt ouvrit son carton : – Voyez, monsieur Guillaume, dit-il, en présentant des photographies au pilotes ; en venant ici j'ai pensé à vous et à M. Frantz. Je vous ai apporté des photographies en souvenir de mon passage à la Grand-Lande. Voici des cuirassés, entre autres le Suffren, l'un des derniers lancés à la mer, le sous-marin Zédé et le submersible le Narval.Ces submersibles combattent ou naviguent indifféremment soit à la surface de l'eau, soit sous l'eau.
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SOUS-MARINS. – Les bateaux sous-marins, inventés en France, sont mus par l’électricité. Ils voyages sous l’eau et peuvent lancer des torpilles pour faire sauter les navires ennemis.
– Oh ! grand-père, dit Jean, qui s'était aussitôt faufilé entre les jambes du pilote et se haussait sur la pointe des pieds pour voir les photographies, tu vas m'expliquer toutes ces choses ?
– Plus tard, petit. Ce soir, c'est mon tour de m'instruire en écoutant M. Victor. Songe que je n'ai jamais vu ni sous-marin, ni submersible : cela n'existait pas de mon temps.
Guillaume examinait attentivement les dessins, l'un après l'autre, les faisant passer ensuite aux mains de Frantz, d'André, de Julien, de Jean-Joseph et de leurs enfants. Bientôt il s'écria :
– Quels progrès la photographie a faits ! Tout cela est net, il semble que j'ai la réalité sous les yeux. Comment le mouvement des vagues n'a-t-il pas tout brouillé ?
– C'est qu'à présent on prend des instantanés, monsieur Guillaume. Au lieu des poses interminables d'autrefois, pour former l'image, il suffit parfois d'un millième de seconde. La photographie a fait d'immenses progrès. Tout récemment encore, on a trouvé le moyen d'obtenir des photographies reproduisant les objets avec leurs couleurs. Vous diriez de vrais tableaux peints à l'huile. On fait aussi la photographie des mouvements au moyen du cinématographe. Sur un rouleau de 15 mètres se déploie une scène de la durée d'une minute et qui comprend 900 épreuves. Le rouleau se déroule dans le cinématographe et vous voyez les personnages faire les gestes et les mouvements que comporte la scène représentée.
– Oui, oui, dit Jean, j'ai vu une fois, à la ville voisine, un cinématographe. C'était bien amusant, mais je ne savais pas que c'étaient des photographies.
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CINÉMATOGRAPHE. – Le cinématographe qui reproduit les mouvements, a été inventé par un Français Lumière, qui a aussi trouvé un des procédés employés pour photographier les couleurs.
– Enfin, reprit Victor Gertal, on fait d'admirables photographies du ciel et des astres.
– Alors, dit Jean transporté, on a photographié la lune ?
– Certes, on a des cartes de la lune. C'est un astre inhabité, sans atmosphère, avec des volcans éteints.
– Et le soleil ? dit Jean.
– On a décomposé et analysé la lumière du soleil et celle des étoiles au moyen du prisme. On a retrouvé dans ces astres presque tous les corps qui composent notre terre, par exemple le fer, le zinc, le cuivre, etc.
– Oh ! monsieur Victor, comme tout cela m'intéresse ! dit le petit garçon. Je voudrais tant pouvoir rapprocher de moi les étoiles pour regarder ce qui s'y passe !
Victor Gertal passa sa main caressante sur la tête blonde de l'enfant : – Petit Jean, il y a des appareils d'optique qui rapprochent de nous les astres en les grossissant. Le télescope de Leverrier, construit en 1876, a un grossissement qui peut aller jusqu'à 2 400. Les savants ont aussi dans leurs laboratoires des microscopes qui grossissent 1 200 fois les diamètres et nous permettent d'étudier les microbes des maladies. Ces infiniment petits, invisibles pour notre oeil imparfait, nous dévorent et nous tuent, sans que nous puissions les apercevoir ; mais le microscope les découvre. Tel le microbe de la tuberculose, que Pasteur recherchait, qu'il aurait voulu détruire. Il disait à ses élèves, dans les dernières années de sa vie : – « Mes forces s'en vont. Vous êtes jeunes, mes amis, je vous lègue la tâche que je n'ai pas eu le temps d'accomplir. Trouvez un remède à la tuberculose et vous sauverez, chaque année, cent cinquante mille vies humaines, rien qu'en France ! »